Le jour de notre arrivée à Santiago correspondait avec le début des vacances de la famille de Manu, ce qui fut une agréable coïncidence. Seulement…

« – Mais vous pensez peut être partir en vacances j’imagine ?

• Oui, on pense aller au Machu Picchu ! Au Pérou !
• Super ! Nous aussi, quand on passera par le Pérou, on compte y aller !
• On veut que vous veniez avec nous.
• Quoi ?! » …

 

On se regarde, pensant la même chose. Cela chamboule un peu notre plan, qui était de passer par ce lieu mythique après le nord du Chili et la traversée de la Bolivie… Mais, l’occasion de passer des vacances avec la famille éloignée de Manu est unique…

 

« – OK, vamos !!! »

 

Sur ces mots, on part avec la famille de Manu, Tia Elcira, Tio Lucho, et Claudio, à la conquête du Machu Picchu, à 3400km de Santiago !!

 

On partira une semaine après notre arrivée à Santiago. Les vols étant très chers, on optera pour le bus. Sauf que pour rejoindre Cuzco, la ville la plus proche du Machu Picchu, il faut :

 

• 30h de bus pour rejoindre Arica depuis Santiago
• 7h pour rejoindre Arequipa depuis Tacna
• 8h pour rejoindre Cuzco depuis Arequipa

 

Soit 45h de bus. Ici, les gens disent de prendre un marqueur avec nous pour redessiner la raie tellement nous aurons les fesses aplaties !

 

On a même pas peur, c’est parti !!

 

 

 

On arrivera à Arica à la fin de notre 2^ème nuit dans le même bus. La route pour y arriver permet de bien placer le décor : désert à perte de vue, pas un brin de végétation. Oui on est bien au milieu du désert d’Atacama, le plus aride au monde. Il peut passer des décennies sans qu’il ne tombe une goutte de pluie !!

 

Il est 4h du matin, et on sort des 30h de voyage. On vous laisse imaginer l’état dans lequel on est, et l’énergie débordante qui nous inonde… On cherche cependant une auberge, quelque part où se reposer, prendre une douche (oui, toujours à 4h du matin…). Les gars nous maudissent de les avoir réveillés d’autant plus qu’ils sont tous complets !

 

Bon, tant pis, on va voir de l’autre côté ! Direction le Terminal International de Arica ! Là, les taxis attendent jour et nuit pour faire la traversée de la frontière vers Tacna, côté Péruvien, à quelques kilomètres de là.

 

Passage de frontière, contrôle des passeports, tampons et bienvenue au Pérou !

 

 

On arrive à Tacna, la ville frontalière côté Péruvien, de bonne heure. Oui, vers 6h du matin, à l’heure chilienne ! Sauf qu’au Pérou, il y a 2h de moins !! Il est donc 4h du matin !! Encore !! Et on repart à la recherche d’un logement, toujours à 4h du matin !

 

 

 

On tombera sur un hôtel avec des chambres libres immédiatement ! On décidera de rester la nuit à Tacna, et de repartir le lendemain, histoire de se reposer un peu.

 

On en profitera pour visiter Tacna, qui s’avèrera être une ville bien sympathique, avec un centre assez joli. On ira directement essayer LA spécialité péruvienne : Le Cevice ! Résultat : un régal ! Ce plat à base de fruit de mer est très fin, et vraiment succulent !

 

 

 

 

On se rendra compte tout de suite qu’on a changé de pays. L’ambiance dans la rue, la façon de conduire des péruviens, leurs tenues vestimentaires, leurs apparences physiques, très typés indiens et assez petits dans l’ensemble ! Manu s’est senti géant ! On sent aussi que le niveau de vie est moins élevé.

 

 

 

 

 

 

On arrivera dans la soirée à Arequipa après avoir traversé un désert immense sur toute la route, et gravi quelques mètres puisque la ville se situe à plus de 2335m d’altitude. Nous ne connaissions pas du tout cette ville, qui est pourtant la 2^ème ville du Pérou après Lima ! Et tant mieux, car l’effet de surprise est d’autant plus important !

 

 

Nous y passerons 2 jours, et en profiterons pour la visiter. On peut dire que cela vaut le détour ! Le centre de la ville est une pièce de musée du style colonial très bien préservée.

 

La Plaza de Armas :

Le cœur de la ville. De jour comme de nuit, cela en vaut le détour ! La cathédrale est juste sublime, et l’effet rendu avec les arceaux des bâtiments anciens à proximité donne un des meilleurs effets !!

 

 

 

 

 

 

 

 

Aux bords de la ville :

Une petite escapade aux frontières de la ville qui permet de se rendre compte qu’à Arequipa, en dehors du centre, la campagne se mêle à la ville ! Les champs sont au milieu de tout, et les paysans, vêtus traditionnellement côtoient les urbains dans la plus grande indifférence.

 

Le Monastère Santa Catalina :

Ce monastère immense en plein cœur de la ville valait bien quelques lignes. Bien que nous ne soyons pas des fanatiques de ce genre d’établissement, il faut bien reconnaître que la visite de celui-ci fut un régal tellement il était beau et bien restauré. Il a vu succéder plusieurs générations et plusieurs civilisations, ce qui le rend tellement atypique.

 

Arequipa, ce fut aussi l’occasion d’essayer LA seconde spécialité péruvienne : le Pisco Sour !! Ce cocktail à base de Pisco, de jus de citron et de blanc d’œuf battu, est simplement délicieux (mais bien évidemment, à consommer avec modération…).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce fut aussi l’occasion de découvrir les différentes façons de consommer la Coca, cette plante connue aux propriétés tranquillisantes, et appropriée pour s’adapter aux hautes altitudes. En thé, soda, chewing-gum ou directement à mâcher (la feuille), consommer cette plante nous aidera aux efforts dans ces altitudes dont nous ne sommes pas habitués…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin (et on arrête après !), une dernière spécialité typiquement de la région, essayée par Manu, goutée et approuvée par Nolwenn : La Cuy !!

Cuy = Cochon d’Inde géant des Andes

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On partira le 2^ème soir par un bus de nuit vers Cuzco !

 

 

On arrive à Cuzco toujours de bon matin, et on file à l’auberge où nous avions réservé. On se sent un peu drôle, la nuit dans le bus certes, mais un peu à cause de l’altitude. Cuzco se trouve à plus de 3400m d’altitude, et il faut bien avouer que cela se sent ! Fatigués plus rapidement alors qu’on ne se dépense pas beaucoup.

 

On découvre Cuzco, une ville emblématique de la civilisation des Incas, dont on peut en retrouver encore quelques vestiges. Oui, Cuzco, la ville fondée par Manco Capac, le « chef » des Incas, a été la « capitale » des Incas pendant près de 300ans, jusqu’à ce que la civilisation s’effondre d’une guerre intestine et disparaitra définitivement après l’invasion Espagnole qui n’en laissera que peu de trace !! C’est donc une ville principalement reconstruite par les Espagnols qu’est Cuzco, en reprenant des fondations et des pierres des édifices Incas détruits.

L’histoire que porte cette ville et cette région est puissante, et on a hâte d’en savoir plus !

De plus, on n’est plus très loin du Machu Picchu, l’une des 7 merveilles du monde, la plus grande cité et la plus intacte qu’il reste des Incas !! On part le jour même pour voir les manières d’y accéder, et s’il y a bien une chose que l’on peut dire, c’est qu’aller au Machu Picchu, c’est pas donné !!

 

 

On optera donc pour la solution la plus économique, en 2 jours/1 nuit, incluant le transport jusqu’à Hydroelectrica (env. 6h), la nuit à Agua Calientes, l’entrée au Machu Picchu, le transport de retour depuis Hydroelectrica, 1 déjeuner, 1 dîner et 1 petit déjeuner.

 

On part là dessus, en se disant que les jeunes marcheront et que la tante et l’oncle de Manu prendront les transports (train + bus).

 

Sauf que …

 

 

Le bus qui devait nous prendre à 8h à l’auberge nous prendra avec 45min de retard. Ca commence bien. Le chemin pour rejoindre Hydroelectrica est magnifique ! On montera jusqu’à 4330m d’altitude, et il faut avoir confiance en le chauffeur sur ces petites routes aux bords du précipice où il roule à toute allure ! Par certains endroits, les rivières coulent sur la route (oui, comma ça !), et il faudra même parfois descendre et traverser à pied sur un petit pont de bois afin que le bus traverse la rivière sans risque (pour les passagers du moins…).

 

 

Plusieurs éléments feront qu’on arrivera plus tard que prévu à Hydroelectrica (à 16h30 au lieu de 15h). Oui, et le train pour Agua Calientes part à … 16h30 ! On l’entendra partir au loin, réalisant qu’il n’y en a pas d’autres avant demain matin, et qu’Hydroelectrica n’est rien d’autre qu’une station de train au milieu de la jungle !

 

Après quelques énervements, on décide de s’attaquer au chemin. Sauf que l’allure n’est pas celle escomptée pour le faire en 2h30. C’était aussi sans compter les réels obstacles sur le chemin. On nous avait dit que le chemin était plat car il suivait la ligne de chemin de fer, mais personne ne nous a dit que certains passages de ponts étaient … acrobatiques ! Cela nous aura pris au total plus de 4h, dont une bonne moitié de nuit.

 

C’est donc seuls, au milieu de la jungle, sans personne sur qui nous aurions pu compter que nous même, au milieu de la nuit noire avec nos lampes de téléphone allumées, que nous avons traversé les ponts de la ligne de fer, sans rambarde, avec un espacement entre chaque poutre de presque 0,7 m (!!), la tante de Manu au milieu, Manu lui tenant la main à droite, Tio Lucho à gauche, Claudio devant pour éclairer, et au dessus d’un torrent où la chute aurait été fatale…

 

Bref, une sacrée aventure que même aujourd’hui nous doutions de vouloir la revivre tellement nous avons pu avoir peur… Une marche interminable dans cette densité sombre et silencieuse, où les esprits s’imaginent aisément voir sortir une bête sauvage ! Nous arriverons finalement dans la nuit, épuisés mais sains et saufs, à Agua Calientes où nous ne tarderons pas à nous coucher. Le lendemain, la journée est chargée aussi : levés à 4h du matin pour arriver à l’ouverture du Machu Picchu pour pouvoir en profiter car il faudra faire aussi tout le chemin du retour !!

 

Bref, on n’hésitera plus ! De bon matin (oui, encore à 4h du matin !!), on prendre des places pour le train de retour afin de ne pas avoir à revivre la traversée de la nuit passée, et on prendra le bus pour monter, les circonstances ayant déjà eu raisons de nos nerfs et de nos forces…

 

 

On arrivera finalement à l’ouverture au Machu Picchu, et on découvrira la beauté spectaculaire du site… sous les nuages !! On n’y voit rien !! Cela donne un air mystique certes mais … on n’y voit quand même pas grand chose !!

Oh non, pas tout ça pour ça … !!

On suit les 2h de guide comprises dans notre tour avec grande attention, et on en apprend beaucoup sur la civilisation des Incas. Il suffit de voir les constructions des édifices pour se rendre compte de la chose : les pierres ne comportent aucun interstice entre elles, et se collent parfaitement l’une à l’autre ! Un quelque chose d’incroyable pour l’époque, et sur des pierres d’une taille et d’une épaisseur énorme !

 

On s’imagine dans cette cité lorsqu’elle devait vivre, perchée au sommet du mont Machu Picchu, cernée de précipices… On grimpe au mirador qui permet de voir l’ensemble de la cité, et on attend que les nuages s’en aillent… Ca y est !! On saute sur nos appareils photos et on mitraille !! On se selfie par ici et par là !! Wouah ! On ne s’en rend pas mieux compte que de là !

Bref, le chemin pour y arriver ne fut pas simple, et nous savourons d’autant plus cette si belle récompense ! Mais l’heure tourne, il est déjà 11h du matin, et on doit redescendre pour ne pas perdre le train !!

 

Le retour se déroulera sans encombre (heureusement !), et on revivra la dernière nuit à bord du train, le chemin défilant sous nos yeux, repassant par dessus les ponts qui nous auront donné tant de mal et nous auront tellement fait peur…

 

 

On rentrera directement de Cuzco vers Tacna, puis Arica.

 

De retour à Arica, à l’extrême nord du Chili, on profitera de notre dernière journée ensemble dans ce voyage pour visiter la ville, et notamment el Morro. Cette énorme butte qui surplombe la ville et l’océan, a été le théâtre décisif lors de la Guerre du Pacifique, qui opposa les Chiliens aux Péruviens et Boliviens, dans une guerre sanguinaire de territoire.

 

Un morceau d’histoire dans laquelle ma tante nous raconte que des ancêtres de la famille se sont battus et ont péris dans cette guerre.

 

Le lendemain, on reprend un bus, 30h, ce qui nous laissera le temps de ressasser ce voyage, aux rebondissements imprévus, à la solidarité et au courage dont chacun a fait preuve. Et puis surtout, à la découverte, du Pérou et du Machu Picchu !

 

 

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Article écrit à La Serena, le lendemain de notre départ de Santiago.