Ushuaia, un nom qui fait rêver, synonyme d’immensités, de paysages sauvages et purs … La ville la plus australe au monde ? Eh non ! C’est Puerto Williams, au Chili ! Malgré la surexploitation touristique du lieu – on te prend vraiment pour un billet de dollar ambulant – nous garderons un bon souvenir de cet endroit, grâce aux 4 jours de trek seuls avec notre carte et notre boussole !
Alors, Ushuaia, Fin del Mundo ou Fin del portefeuille ?
Arriver à Ushuaia, c’est déjà une aventure !
Situé à 1700 km au sud de Puerto Madryn, il est possible de se rendre à Ushuaia en avion (un peu cher) ou en bus (30h, notre choix). Il n’y a plus de bus directs et on nous dit qu’on sera bloqués à une ville carrefour « Rio Gallegos », à 1200km au sud. Tant pis, on prend quand même un billet, on verra là-bas !
Nous voilà à nouveau installés dans nos méga sièges, un bon petit film à regarder, le carnet de voyage à compléter, les photos à trier, le bouquin à lire, bref, heureusement qu’on a … 17h de voyage, dont 3 de retard !
On arrivera à 9h du mat’ le lendemain matin, tout feu tout flamme ! On regarde les 2 bus à quai et l’un des 2 affiche « Ushuaia »… Incroyable ! Il part dans quelques minutes, on fonce acheter des billets, mais nous n’avons plus de liquide, ils ne prennent pas les dollars ni la carte bancaire et le distributeur ne fonctionne pas avec Visa ni Mastercard… Aïe ! Finalement, la vendeuse sort un appareil à carte poussiéreux et ça marche ! Ouf !
On saute dans le bus et c’est reparti pour… 13h de voyage ! Les paysages traversés nous font penser au « bush » australien de décembre 2013. Oui, c’est du No Man’s Land, avec des milliers de moutons (implantés des Iles Fakland il y a environ 150 ans) et guanacos (sorte de lamas) mais nous, on a adoré. Un bon moyen de s’imprégner de la Patagonie.
Le trajet n’est pas de tout repos car on traverse 2 fois la frontière avec le Chili ce qui nous vaudra 4 tampons sur le passeport et 2 arrêts avec contrôle de bagage et ensuite un bateau pour Isla Grande : eh oui, Ushuaia se trouve sur une île ! On traverse le détroit de Magellan. On vivra un instant magique en regardant nager le long du bateau des dauphins de Commerson, noirs et blancs (regardez le film ci-dessous). La fin du voyage nous offre des paysages montagnards enneigés et le lac Fagnano, magnifique ! On colle notre nez à la fenêtre…
Partis à 14h, arrivés à 20h le lendemain soir, nous ne sommes pas mécontents que cela se termine non plus ! Sur place, il fait bien frais, puisque le climat correspond à celui de Reykjavik, en Islande : environ 10-15 degrés en journée, et c’est l’été. Il nous faut trouver un logement, nous appelons le camping, mauvaise nouvelle, il a fermé ! Pas de plan B donc auberge de jeunesse… Les prix sont exorbitants (17€ /personne en dortoir de 6, le moins cher possible ici), mais il n’ y a pas d’autres choix et très peu de places…
Ushuaia est une ville de 60 000 habitants, avec une rue principale remplie d’hôtels & restaurants. La rencontre des Andes avec le canal de Beagle, point d’entrée vers l’Océan Antarctique, est très belle néanmoins.
Il y a plus de 12 000 ans, les Améridiens (Indiens) sont arrivés sur l’archipel constitué de milliers d’îles à l’extrême sud du continent américain, aujourd’hui partagé entre l’Argentine et le Chili. Ils ont formé les tribus Alakalufs (cf le roman « Qui se souvient des hommes »), Yagans ou encore Selknams. Au XVIème siècle, les européens, Magellan en tête, arrivent et aperçoivent de nombreux feux de campement sur ses rives, donnant ainsi son nom « Tierra del Fuego ». Et oui, c’était la méthode utilisée par les Améridiens pour lutter contre le froid ! Au XIXème siècle, quasiment tous les améridiens ont disparus, tués lors de massacres perpétués par les européens, ou du fait de maladies importées.
Que faire à Ushuaia ?
Parc national de la Terre de Feu ? Glacier Martial ? Comment aller à Puerto Williams, la « vraie » ville la plus australe au monde, au Chili ?
Après une bonne journée de recherche, nous pensions être fixés mais en discutant avec Gareth, qui travaille à l’auberge où nous logeons, nous changeons nos plans : pas de Parc National – ultra touristique et cher – mais une expérience hors des sentiers battus, avec un trek de 4 jours, inconnus des touristes, à 17km d’Ushuaia… Emballés comme jamais, il a fallu trouver le matériel manquant (bâtons de randonnée, gants, camping gaz et matériel de cuisine), à un prix acceptable. Sacré challenge ici mais objectif atteint !
Pour nous mettre en jambe avec le trek, nous nous rendons au Glaciar Martial, un glacier surplombant Ushuaia, qui permet d’avoir une belle vue sur la ville et le canal de Beagle.
Le 1er Jour fut une vraie galère, avec un départ difficile, de la pluie et un chemin introuvable.
Le départ fut chaotique, avec des préparatifs de dernière minute qui s’éternisent et l’auto-stop qui ne fonctionne pas. On finira par prendre un taxi qui nous amènera près de la forêt où nous sommes sensés débuter. Au moment de commencer, une forte pluie se déverse sur nous, il va falloir se motiver !
Nous n’avons pas trouvé le chemin à suivre (normal, apparemment, il n’y en a pas vraiment), nous coupons par la forêt. Trempés et les sacs bien chargés, nous voilà à escalader des gros troncs d’arbres morts, glissants, sur un terrain très pentu … Bref, j’étais (Nolwenn) vraiment prête à faire demi-tour… Aucune photo de ces moments. Il faut de plus traverser la rivière Esmeralda. Après 2h, on trouve un endroit moins profond, on enlève nos chaussures et on traverse la rivière gelée. Mais le soleil pointera son nez. Espoir ! On voit un premier repère et un chemin : ça veut dire qu’on sait lire une carte et utiliser une boussole : soulagement.
On arrive enfin au Refuge, il est déjà 16h30. On décide de s’arrêter, faire sécher nos chaussures trempées grâce au feu que Manu fera dans le vieux poêle à bois. On y a dormi, en mettant la toile intérieure de la tente (le livre du refuge indique qu’il y a d’énormes araignées). Ca ne se révèlera pas être une excellente idée, puisque le refuge est très peu isolé, et nous aurons froids.
Au réveil, le 2ème jour commence avec un grand soleil et un ciel bleu. Le rêve.
Le moral remonte. On prépare un café assis sur une pierre à observer le magnifique paysage. J’entends du bruit derrière près du camping gaz. Quoi ? Un renard, superbe, cherche à ouvrir le paquet de café. Il reste là à nous regarder quelques secondes puis il s’en va tranquillement. Il est chez lui après tout.
On plie bagage pour une journée vraiment sublime, sous un soleil de feu, et des paysages magnifiques. Toujours à l’aide de la carte et boussole, on marchera environ 6h pour arriver au pied d’un col de 800m. Trop tard pour aller plus loin, nous montons simplement le col pour voir l’autre côté de la vallée. Dans la rocaille et la neige, c’était un peu technique !!! Mais en prenant le temps et avec les bâtons, tout est possible ! Heureux comme tout, mais épuisés, nous planterons la tente face à la vallée, avec un sentiment de liberté intense.
Le 3ème jour, nous faisons le chemin inverse pour retourner au refuge. Il faut à nouveau traverser des petites rivières, c’est froid ! La végétation de la terre de feu est très spécifique, très marécageuse, avec peu d’arbres et de nombreux végétaux spongieux verts, rouges et marrons. Les 2 principales raisons sont le froid constant (nous sommes en été, il fait environ au mieux 15 degrés en journée) qui empêche les végétaux de se transformer en compost et s’entassent ; et les castors, qui détruisent littéralement la forêt (ils aiguisent leurs dents sur les arbres) et construisent d’importants barrages, empêchant l’eau de s’écouler normalement et créant ainsi d’immenses marécages. Nous arrivons au refuge et plantons la tente juste avant une pluie incessante. Ouf.
Le 4ème jour, nous rentrerons par un chemin, qui n’est pas celui indiqué sur la carte… Nous devrons traverser à nouveau la rivière Esmeralda, ce qui fut bien compliqué, étant profonde de plus d’un mètre avec du courant là nous sommes arrivés. Quelques rondins peu stables nous ont permis de traverser, mais ce fut quand même éprouvant, j’ai (Nolwenn) failli tomber avec mon sac de 10 kilos… J’en ai encore les genoux qui tremblent. On nous prend en auto-stop en 5 minutes cette fois-ci. Arrivés en ville, bien sales et les pieds trempés. La douche et la chaleur de l’auberge furent un réel bonheur ! On repassera rendre la carte et remercier autour d’une bière Gareth, notre sauveur.
Ce trek de 4 jours restera dans nos esprits, car ce fut notre première expérience en sac à dos, en complète autonomie, avec notre boussole et notre carte, avec très peu d’indications. Un très bon moment à deux.
Nous passerons 2 jours à nous reposer, le bateau pour Puerto Williams étant annulé et reporté 2 jours plus tard pour « risque de tempête », un jour ensoleillé, sans aucun vent… Cela sera nos premiers pas dans la saga « Tensions entre Ushuaia (Argentine) et Puerto Williams (Chili) ». Ca sera aussi l’occasion de se faire de très bonnes bouffes, à base de sauce aux petits champignons et légumes à la new-zélandaise (Annie M. une pensée pour toi). La suite au prochain épisode, au Chili, à Puerto Williams…
Super beau!! la classe ce trek!
merci de nous en faire profiter!
des gros bisous à vous deux
Mag
Merci petite blondinette !!
C’est une région pour toi ici, trek et montagne à gogo !
Des gros gros bisous !